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Survol des pratiques d’affaires écoresponsables en Estrie

Par Benjamin Anctil, agent du Fonds Écoleader en Estrie

Façonnée par son héritage anglo-saxon, ses montagnes ainsi que ses nombreux lacs et rivières, la région de l’Estrie est une de ces places où il fait bon vivre. Les sept MRC qui la composent sont unies par des valeurs d’ouverture, d’entraide, d’innovation et de savoir. Chacune se distingue par des attraits et des activités commerciales et industrielles distinctives.

Une des MRC qui se démarque particulièrement par ses efforts de diversification est la MRC des Sources. En effet, le territoire a été lourdement affecté par la fermeture définitive de la mine d’amiante en 2012. Grâce à un fonds de diversification de 50 M$ et une vision portée sur le développement durable, la MRC des Sources a réussi à attirer une quinzaine d’usines manufacturières. Le cadre de cette vision est l’agenda 21. Il s’agit d’un modèle international pour la mise en œuvre du développement durable. C’est en octobre 2014 que la MRC s’est dotée d’un plan d’action concret pour la mise en œuvre de cette vision.

Une des assises principales est le développement d’une grappe technologique autour des biomatériaux. Avec le Carrefour d’innovation sur les matériaux (CIMMS) ainsi que des entreprises comme Nature fibres, Alliance Magnésium et prochainement General Recycled, la MRC a mis en place une structure solide pour devenir un leader mondial dans ce secteur d’avenir.

En 2018, conjointement avec Sherbrooke Innopole, la MRC des Sources a lancé le projet Synergie Estrie. Il s’agit du déploiement d’une ressource dédiée à la mise en place des stratégies de l’économie circulaire sur le territoire. Il était tout à fait de mise que l’agent du Fonds Écoleader soit accueilli par cette organisation visionnaire. Récemment, les cinq autres MRC de l’Estrie ont emboîté le pas en embauchant elles aussi des coordonnatrices en économie circulaire. L’Estrie démontre donc un engagement total envers le développement durable en attribuant une ressource dédiée dans chacune de ses MRC.

 

L’Université de Sherbrooke, chef de file mondial en pratiques écoresponsables et en technologies propres

L’Estrie est un terreau fertile pour l’innovation et se positionne à l’avant-garde dans plusieurs secteurs de pointe. Bon nombre de jeunes entrepreneurs décident de se lancer dans le secteur des technologies propres et de l’économie circulaire. On pense entre autres à Entosystem — une entreprise qui a obtenu le financement du Fonds Écoleader pour son projet d’optimisation de la ventilation et de récupération de chaleur —, Hoola OneCSAR Energy, ESA et Oneka pour ne nommer que ceux-là. La plupart sont diplômés de l’Université de Sherbrooke, le plus grand employeur en Estrie avec plus de 6 500 employés.

Cette institution agit comme un véritable chef de file mondial en termes de pratiques écoresponsables et de technologies propres. En 2018, l’UdeS a atteint une réduction des émissions de GES liée à la consommation énergétique des bâtiments de presque 30 % par rapport aux émissions de 1991. Ces gains ont eu lieu en parallèle à une croissance significative du nombre d’étudiants (+64 %) et de la superficie des bâtiments (+117 %). Les actions qui ont permis cette réduction significative sont:

  • L’utilisation d’hydroélectricité et de thermopompes pour le chauffage;
  • La mise en place de plusieurs unités de récupération de chaleur;
  • L’utilisation de plusieurs sources d’énergie renouvelable telles que la géothermie, les murs solaires et les plaques photovoltaïques.

Ces actions, ainsi que d’autres, liées à l’efficacité énergétique, ont permis une réduction majeure des coûts d’énergie. La facture annuelle est passée de 9 M$ à 6,5 M$, résultant des économies récurrentes d’une année à l’autre. Ce leader d’envergure, reconnu parmi les dix meilleures universités au monde en développement durable selon la certification internationale STARS, a su démontrer les bénéfices de cette démarche et ainsi inspirer plusieurs autres organisations à suivre le pas.

Intégrer le développement durable en entreprise pour accroître sa compétitivité

Un des créneaux qui intègre bien les enjeux du développement durable, autant dans son modèle d’affaires que dans ces pratiques, est celui des entreprises d’économie sociale. Celles-ci sont structurées autour de l’impact social positif qu’elles génèrent et contribuent largement à solutionner certains enjeux environnementaux. Défi Polyteck et sa filière Défi Récup-Air sont des leaders de la gestion efficace des matières résiduelles. En plus de permettre à des personnes ayant des limitations fonctionnelles d’avoir accès à des emplois de qualité, elles font partie des quelques entreprises au Québec qui ont atteint le plus haut échelon de l’attestation Ici on recycle +, soit le niveau Élite. C’est plus de 98 % de leur matière qui est détournée du site d’enfouissement. L’entreprise est aussi au cœur d’un important programme de valorisation et de récupération des appareils électroménagers. Le RIVRA, dont fait partie Défi Polyteck, permet déjà de récupérer plus de 40 000 appareils par année et ainsi éviter l’équivalent de 44 000 tonnes de CO2 en émissions de GES.

Une autre entreprise d’économie sociale bien implantée dans la région est la Coopérative Alentour. Il s’agit d’une épicerie santé ainsi que d’un important centre de distribution qui commercialise la marque Artisan Tradition. C’est aussi un des premiers établissements à Sherbrooke à offrir des aliments en vrac. Mais c’est à partir de 2017 que la coopérative a décidé de se doter d’un plan structuré pour la mise en place d’actions en développement durable. Plusieurs initiatives au niveau de l’approvisionnement local et responsable, de la réduction des emballages, de la gestion des matières résiduelles et de la lutte au gaspillage alimentaire sont déjà bien instaurées et commencent à porter fruit. La coopérative Alentour fait partie d’une cohorte d’entreprises d’économie sociale qui est financée par le programme Fonds Écoleader afin de mettre en place une démarche stratégique en développement durable.

Un autre secteur qui se mobilise est celui des microbrasseries. Le Moulin 7 a utilisé des matériaux recyclés de l’ancienne mine pour le design de son commerce. Siboire mise sur l’efficacité énergétique et revoit ses circuits d’approvisionnement pour se rapprocher des producteurs locaux. Même chose pour la microbrasserie Canton Brasse qui vise un approvisionnement 100 % québécois d’ici quelques années.

“On est encore un petit joueur, mais on pense déjà à long terme. On veut faire des choix éclairés et intelligents en se basant sur des données fiables.”— Nicolas Bernier-Tanguay, Chef brasseur et copropriétaire de la microbrasserie Canton Brasse.

C’est en se basant sur une analyse de cycle de vie en lien avec les différents contenants de bières disponibles que la microbrasserie Canton Brasse a décidé d’adopter le format cruchon pour toutes les commandes de bières à emporter. En effet, l’étude démontre qu’après huit utilisations, l’impact environnemental du cruchon est neutralisé. C’est vrai dans un scénario où les clients se déplacent pour venir remplir leur cruchon et les réutilisent plusieurs fois. C’est pourquoi la microbrasserie offre un programme de fidélité qui récompense les adeptes du remplissage. Le Fonds Écoleader supporte fièrement l’entreprise Canton Brasse dans ses démarches. En effet, la microbrasserie fait aussi partie d’une cohorte d’entreprises qui est financée à 50% par le Fonds Écoleader et 25% par la MRC et le CAE de Memphrémagog afin de mettre en place des pratiques écoresponsables.

L’Estrie est une région fière de son terroir. On peut en témoigner par la qualité et la quantité grandissante de l’offre agroalimentaire, mais il reste des défis de taille pour les entreprises de ce secteur. Le Centre de valorisation de l’aliment (CVA) permet à de petits transformateurs d’accéder à des locaux, des équipements et des experts afin de préparer leurs produits et les mettre en marché. De plus, chaque entreprise a la possibilité de profiter d’une symbiose industrielle avec les autres transformateurs sur place. Les rejets d’un deviennent les intrants du voisin. Grâce au CVA dont la mission s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, les locataires contribuent à accroître l’autonomie alimentaire de la région. L’entreprise Entosystem, mentionnée ci-haut, participe aussi à l’autonomie alimentaire en récupérant des résidus alimentaires post-transformation. Ces résidus servent ensuite à l’élevage d’insectes destinés à l’alimentation animale. Un de leur défi provient du fait que la croissance des insectes dégage une quantité importante de chaleur. Le soutien financier du Fonds Écoleader permet à Entosystem de réaliser une importante caractérisation du dégagement de chaleur occasionné par la croissance des insectes, de faire un diagnostic des besoins en chaleur à l’interne et ainsi d’identifier la meilleure technologie pour optimiser les besoins en ventilation, chauffage et climatisation. Ce projet cadre parfaitement avec la philosophie du Fonds Écoleader soit d’appuyer des projets inspirants qui  permettent aux entreprises d’accroître leur compétitivité tout en réduisant leur impact environnemental. Finalement, voici d’autres exemples de projets qui ont obtenu le soutien financier du programme Fonds Écoleader:

  • L’Abri végétal pour un projet d’analyse de l’efficacité énergétique avec l’expert Rackam.
  • Construction Longer pour la mise en place d’une démarche stratégique en développement durable avec l’experte MJR développement durable.
  • Moisson Estrie pour un accompagnement en pratiques écoresponsables avec l’expert ADDERE.
  • La pharmacie Christine Murphy pour un accompagnement stratégique en développement durable avec l’expert Maillon vert.
  • La ferme Point du jour coopérative de solidarité pour une étude du potentiel géothermique avec l’expert Induktion.

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